Après quelques jours à pédaler dans l’État de Basse Californie, me voilà en Basse Californie sud, toujours en compagnie de Johnny, compagnon de route pour ce périple mexicain. Le 28ème parallèle marque la séparation entre les deux États. Pas de changement radical dans le paysage… Le désert et les cactus sont toujours là pour nous accompagner.
Première ville sur notre route : Guerrero Negro. Elle est connue pour sa production de sel et comme un lieu où on peut observer la naissance des baleines grises après une période de migration depuis l’Alaska. Malheureusement la période à laquelle nous nous y trouvons n’est pas propice pour observer ce phénomène. Nous continuons donc notre chemin vers le sud en suivant la route principale.
En sortant de la ville, les kilomètres défilent et aucune possibilité de camping n’apparaît. Le désert nous a habitués à une certaine facilité mais cette fois-ci nous trouvons seulement des dunes de sable et des barbelés à perte de vue empêchant l’accès à un spot pour dresser la tente. Johnny suggère alors de demander l’hospitalité en arrivant dans un village. Et finalement William nous ouvre les portes d’une maison inoccupée pour la nuit…
Le désert, c’est également parfois des zones de camping un peu plus hostiles. Et puis une généreuse opportunité inattendue.
Et toujours plein de vie.
Après la traversée d’une zone avec peu de points de ravitaillement et d’habitations, nous arrivons à San Ignacio.
San Ignacio
Le contraste est saisissant, il y a de la verdure et de l’eau. Nous sommes au milieu d’une oasis.
La mission a été créée en 1716. Avec elle, les premiers palmiers ont été plantés. C’est aujourd’hui une des principales ressources de revenus (Source : Le grand guide du Mexique aux éditions Gallimard).
La journée qui suit marque notre retour sur la côte est et le golf de Californie. Mais avant cela nous avons pu observer toute la journée les volcans “Très Vírgenes”.
Plusieurs chiens viennent nous saluer en nous courant après… Mais nous arrivons finalement sans “un croc” dans la ville de Santa Rosalía.
Santa Rosalía
Nous pouvons y découvrir l’église d’Eiffel ! Elle a initialement été conçue pour être envoyée en Afrique. Structure métallique en préfabriqué, elle gagne le second prix à l’exposition universelle de 1889. Une fois démontée, elle est oubliée dans le port de Bruxelles où un responsable de la compagnie El Boleo l’achète et l’expédie à Santa Rosalía (Source : Le grand guide du Mexique aux éditions Gallimard).
Non seulement la structure est métallique mais également les parois. Voilà sûrement la raison du nombre si important de ventilateurs à l’intérieur…
Mulegé
Nous continuons le long de la côte et arrivons à Mulegé. C’est une ville où le contraste avec le désert est encore saisissant. Elle donne plus l’impression d’être au milieu d’une forêt tropicale.
Et ce fut l’occasion de réparer une nouvelle crevaison…
En quittant la ville nous longeons le golf. Les plages et la couleur de l’eau sont magnifiques, un bleu turquoise transparent…
Loreto
La ville a été fondée en 1697. Elle fut la première mission et la première ville espagnole en Basse Californie. Source : https://en.m.wikipedia.org/wiki/Misi%C3%B3n_de_Nuestra_Se%C3%B1ora_de_Loreto_Conch%C3%B3
Nous découvrons une carte présentant les missions et leurs dates d’ouvertures dans tout l’ouest mexicain.
Comme tous les passages dans des villes, c’est l’occasion d’effectuer le ravitaillement en eau potable. Direction donc la “Agua purificada” à proximité pour remplir nos bouteilles.
De Loreto nous décidons d’aller vers San Javier et quitter la route principale. L’ascension nous offre une vue sur Loreto et le golf en arrière plan.
Mais à partir de San Javier, s’en est fini avec la route goudronnée. Certaines sections sont même très sableuses. Je me retrouve plus souvent à pousser le vélo qu’à rouler dessus. Le paysage est cependant magnifique. C’est une alternance de petits oasis et de zones désertiques.
Le lendemain, il nous faudra 6h30 heures pour parcourir seulement 50 kilomètres… Mais nous atteignons de nouveau la route principale et le côté ouest de la péninsule. Le changement est surprenant car il s’agit maintenant d’une zone agricole.
La Paz
Nous arrivons, après plusieurs semaines de désert, à La Paz. Destination finale pour ma part sur le continent nord américain.
Nous visitons le musée de l’histoire de Basse Californie sud.
Une exposition temporaire sur la migration chinoise y est exposée. A la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle, le boom minier dans la région attire de nombreuses personnes, notamment des migrants chinois qui s’installent dans les villes de La Paz, Santa Rosalía et El Triunfo. Au fil des décennies, les coutumes de ces communautés sont venues se mêler, enrichir et complexifier la culture locale.
Après la conquête de Tenochtitlan en 1521, Hernán Cortés commence l’extension du territoire de la nouvelle Espagne vers le nord et le sud du territoire mexicain. Il eut alors vent d’une île légendaire. Elle est découverte en 1533 et est nommée Californie. Il s’ensuit ensuite des tentatives infructueuses de colonisation pendant un siècle et demi. La raison est la difficulté de développer l’agriculture et donc de s’installer durablement. L’environnement y est très hostile. En 1542 Juan Rodriguez voyage du sud vers le nord du golf de Californie. Il découvre alors que l’île est une péninsule… Ce sont finalement le système des missions, à travers la communauté catholique des jésuites, qui permit aux Espagnols de s’installer dans la région en 1697. La première mission est installée à Loreto et devient donc la capitale de la région. En 1767 les jésuites furent expulsés par ordre du roi. Ils sont remplacés par les Franciscains. Les conditions de l’environnement, la pauvreté des établissements et les relations conflictuelles avec les populations locales les découragent. En 1773 ils cèdent les missions aux Dominicains. En 1748 certains soldats des missions se mettent à exploiter des mines d’or et d’argent. L’économie se développe avec la création de ranchs, un réseau routier… La Paz s’impose alors comme le principal port d’acheminement pour les mines.
Source : musée de la Basse Californie sud à La Paz
Cette expérience vélo au Mexique a été riche en aventure et en rencontres malgré la barrière de la langue. Et c’est avec une petite pointe de déception que j’arrête là cette aventure mexicaine à la découverte de cette culture. Comme on se l’est souvent répété avec Johnny au cours de ce périple méxicain : “Pas de mauvaise journée en Basse Californie”.
Après 24 heures de bus et 6 contrôles d’identité à des postes militaires, me voilà de retour à Tijuana. Mais le désert n’a pas dit son dernier mot, il ne me lâche pas comme ça, il est toujours un peu présent. C’est par une épine de cactus et une crevaison lente qu’il se manifeste ! Il est donc grand temps de faire une révision et un nettoyage du vélo avant la suite du voyage.
¡ Hasta luego amigos !
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